L’adaptation du l’œuvre de Giorgio Bassani par Vittorio De Sica, oscarisée mais contestée par l’écrivain et non sans défauts, incite à la lecture de ce roman aux accents proustiens.
Revoir Le Jardin des Finzi-Contini (1970), c’est se plonger dans la réflexion sans fin sur les limites de l’adaptation cinématographique d’un chef-d’œuvre de la littérature mondiale. Soit deux génies incontestables : Giorgio Bassani (1916-2000), équivalent d’un Proust transalpin ; et Vittorio De Sica (1901-1974), qui remportera, avec ce film, l’Ours d’or à Berlin et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1971.
Quel lien peut-il y avoir entre l’univers tremblé et brumeux de Bassani, tout entier centré sur la petite communauté juive de Ferrare, en Italie du Nord, et celui, plus méridional, d’un réalisateur qui s’est fait le chantre de l’identité napolitaine ?
L’écrivain s’estima trahi, bien qu’il eût lui-même sollicité le metteur en scène et qu’il participât à l’écriture du scénario. Celui-ci raconte l’inexorable confinement d’une famille juive qui, au fur et à mesure de la promulgation des lois raciales, en 1938, par Benito Mussolini, se cloître presque volontairement dans sa grande propriété, réinventant le ghetto, acceptant la fin tragique qui l’attend.
Les personnages ont été standardisés autour de quelques traits de caractère, sans doute pour améliorer l’efficacité narrative. Micol (Dominique Sanda) semble renoncer à l’amour par entêtement, alors que c’est la conscience de son futur destin qui en est la cause ; pâle et fiévreux, Alberto (Helmut Berger), son frère, semble répéter de futures scènes du Ludwig (1973), de Luchino Visconti. Malnate (Fabio Testi) n’est-il pas un peu trop viril, même s’il incarne un fier militant communiste ? Enfin, Giorgio (Lino Capolicchio) est, au contraire, un peu falot.