Trois semaines après le second tour des législatives, le flou demeure sur l’organisation de la majorité pour aller convaincre un à un les 39 députés manquants.
La majorité présidentielle n’a toujours pas trouvé son « Carcasse ». Il y a trente ans, le président de la République François Mitterrand, comme Emmanuel Macron aujourd’hui, était privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le premier ministre socialiste, Michel Rocard (1988-1991), s’était alors appuyé sur les talents de négociateur de son conseiller parlementaire, le constitutionnaliste Guy Carcassonne. Fin connaisseur des arcanes institutionnels, il arpentait jour et nuit les couloirs du Palais-Bourbon à la recherche de la quinzaine de voix nécessaires pour constituer « des majorités de projet ».
Aujourd’hui, toute analogie paraît déplacée tant ce profil manque dans la majorité relative d’Emmanuel Macron, notamment après l’élimination de Richard Ferrand et de Christophe Castaner, les relais du chef de l’Etat à l’Assemblée durant son premier mandat. Trois semaines après le second tour des législatives, au-delà de la méthode esquissée, le flou demeure sur l’organisation de la majorité pour aller convaincre un à un les trente-neuf députés manquants. « Si on va voir personne, ça va mal se passer », prévient le député du Val-de-Marne Guillaume Gouffier-Cha (Renaissance), qui exclut le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI), placés en dehors de « l’arc républicain » par M. Macron et sa majorité.
Une fois les propositions du chef de l’Etat pour une union nationale puis pour une coalition gouvernementale avortées, celle d’un accord politique « texte par texte » contraint la majorité, qui sort de cinq années de domination absolue, à réinventer son rapport avec les oppositions. La motion de censure déposée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), sans le soutien des Républicains (LR) ni du RN, et débattue, lundi 11 juillet, à l’Assemblée nationale, témoigne du nouveau défi posé à la coalition présidentielle.